[Libre] Les feux de la ville

Setsuko était assise sur le banc. Il faisait nuit depuis longtemps déjà et la fin de l'été laissait échapper une petite brise légère qui faisait frisonner la jeune femme.
Devant elle, la route principale s'offrait à elle. Il n'y avait personne à cette heure-ci, seulement quelques passants qui regardaient les vitrines éclairées des magasins et des bars.
L'église sonna neuf coups. Il était donc 21h00 et Setsuko n'avait aucune envie de rentrer à Hinan Shigiku. Certes, il était en son devoir de rester là-bas mais il lui fallait prendre l'air.
Surtout ses derniers temps. Ainsi, elle était venue là dans l'intention d'être seule.

Le problème était qu'elle n'avait pas l'impression d'être seule. Elle avait toujours été légèrement paranoïaque à voir des ombres et à entendre des voix autour d'elle et elle ne se sentait jamais réellement dans la solitude absolue. Jamais elle ne serait seule, elle l'avait compris depuis longtemps déjà.

Cependant, ce soir là, c'était différent. Pour la première fois, elle n'avait pas peur de ces ombres autour d'elle et cela lui faisait même sourire d'entendre le vent lui murmurer des mots à l'oreille.
Après tout, elle n'avait aucune raison d'avoir peur. Setsuko n'avait aucune raison d'avoir peur et ainsi, elle resta là à contempler les feux de la ville en attendant que son coeur se calme et que son souffle ne se taise.
Elle avait couru pour venir jusque là. Elle avait fui Hinan Shigiku juste pour respirer. Elle commençait à prendre conscience de l'importance de son projet et elle avait peur.
Peur de ne pas réussir à tenir ce refuge qu'elle avait ouvert, peur que les gens partent, peur que Hinan Shigiku ne devienne qu'un lieu de peur et d'abandon.

Setsuko chassa ces pensées de son esprit et concentra son regard sur la place. Elle fronça les sourcils un instant et secoua la tête. Non, cette fois-ci, elle ne rêvait pas. Quelqu'un l'observait, elle en était sûre.

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Cela fessait plusieurs jours maintenant, qu'il était arrivé à Hinan Shigiku. Alex s'y plaisait énormément, les gens l'aident quand il a besoin, tous généreux, lui aussi l'était, mais pour la sécurité de tout le monde dans ce magnifique refuge, il devait devenir méchant. Le jeune ange repoussait toute aide, préférant se débrouiller tous seul et surtout, ne pas se faire d'amis. Pourquoi suis-je venu ici ? Il se demandait ça tous les jours en se levant, marchant dans les couloirs de ce bâtiment et allant dormir dans la chambre qui était devenue sienne. Certes il souffrait de la solitude qui devenait peu à peu une habitude et une amie, mais c'était obligé pour qu'il ne fasse pas la même erreur qu'il a faite, il y a deux ans de ça. Alex ne pouvait pas se rajouter un autre poids lourd sur ses épaules en plus du - meurtre ? - décès de son amant.

C'était devenu une habitude pour lui de sortir tôt le matin, prendre son petit déjeuner, pour ensuite marcher dans la ville, regardant le beau monde qui y habite sourire de la journée qui promettait d'être prometteuse, riant d'une blague d'un ami ou d'une bêtise, sécher les larmes d'un enfant qui c'était blesser ... Tant de choses à voir d'une routine de personnes comme lui, qu'il revenait dans sa chambre à Hinan fatiguer de cette journée à apprendre chaque jour sur le quotidien d'une personne. Alex profitait parfois que personne ne le remarque pour observer les personnes, se représentant comme eux, mais cela lui fessait que du mal, sachant qu'il n'aura pas cette chance.

Le soir était tombé depuis un moment, le jeune ange était assit sur un banc, dans l'ombre d'un bâtiment qui le cachait un peu des regards des passants qui se fessaient rare. Les personnes qui habitent la ville doivent être chez eux, mangeant en famille. Son cœur se serra à cette idée. Jamais il ne pourra connaître un bonheur pareil, il en était sûr. Il entendit l'église sonner neuf coups, 21 h00, le jeune blond devait penser à bientôt rentrer. Alors qu'il allait se lever de son banc qui était bien confortable, il vit une belle créature assisse sur un banc, belle était faible pour la définir. Il la regardait, étudiant le moindre de ses mouvements. L'espion fut bientôt démasqué. La jeune femme fixait l'ombre du blond qui se voyait malgré qu'il soit caché dans l'obscurité. Ne voulant pas rester ici, risquant à coup sûr la raison de son regard poser sur elle, il se leva et commença à partir de la place. Pitié qu'elle ne me demande pas pourquoi je l'ai fixé.

Il remarqua qu’elle l’avait vu. Setsuko se leva au moment où il s’apprêtait à quitter la place. Elle le rattrapa en vitesse et s’exclama d’une voix sûre :

-Eh, toi !

Il était beau. Même très beau. I lui semblait l’avoir déjà vu mais elle ne savait plus où. Etait-il un pensionnaire d’Hinan Shigiku ? Ou bien l’avait-elle connu avant cette vie qu’elle-même avait menée depuis 2010 ?
Elle ne parvenait pas à se souvenir, cela était impossible. Setsuko le contempla un instant. Elle devina immédiatement que la créature était un ange. Certes, il n’avait pas d’ailes mais il émanait de lui une telle grâce, une telle beauté qu’il était impossible que ce ne soit une autre créature qu’un ange.

-Que fais-tu ici ? demanda Setsuko qui s’était plantée devant lui pour ne pas qu’il parte.

Elle faillit demander pourquoi il la fixait mais elle se dit que non. Du moins, pendant un court instant. Puis, finalement, après un soupir elle questionna d’une voix douce :

-Pourquoi tu me fixais ?

Elle savait que cette question était impolie mais elle ne pouvait s’empêcher de se demander pourquoi. Elle avait toujours voulu une réponse à tout et c’est d’ailleurs grâce à cela qu’elle avait cherché un monde parallèle et qu’elle l’avait trouvé.
Setsuko finit par détourner les yeux du beau visage. Elle regarda la rue et se rendit compte qu’il n’y avait plus aucun passant, comme si le temps s’était arrêté sur les deux personnes. Setsuko frissonna. A cause du froid, de la peur ? Elle n’en savait rien. La jeune fille fit un pas de plus vers le jeune homme. Elle n’avait qu’une envie, qu’il la prenne dans ses bras.
Elle frissonna de nouveau, cette fois elle fit exprès pour qu’il la voit, toute faible, toute effrayée.

-Qui es-tu ? demanda t-elle finalement.

Elle s’en voulait de ne pas avoir demandé son nom plus tôt. Elle n’avait pensé qu’à l’enlacer et à regarder son visage sans même savoir qui il était.